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Homélie de la Veillée de Pâques 2023

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HOMÉLIES DE LA VEILLÉE DE PÂQUES 2023

PAROISSE NOTRE DAME DE BONNE NOUVELLE – DIOCÈSE DE PARIS

1e HOMELIE DE LA VEILLEE DE PAQUES 2023  (après la 3e lecture)

Frère, aujourd’hui la Pâque vient vers nous ! Vous le savez : Ce n’est pas nous qui sommes allés vers le Christ ! Mais c’est le Christ qui est venu nous chercher ! Comme il a eu l’initiative de créer le monde, comme il est allé chercher Abraham, Moïse, le peuple d’Israël, les prophètes, les rois, et les apôtres ! Tous, ici, il est venu nous chercher ! Frères, catéchistes, presbytres, familles des enfants à baptiser, invités ! Et cela veut dire que tous on a notre place ici, et que personne n’est ici par hasard ! Déjà en Israël tous étaient invités à faire Pâque ! Parce que la Pâque est le plus grand cadeau que Dieu a pu faire  à l’humanité ! Un cadeau, que si on l’a reçu, on ne peut pas ne pas le partager ! D’ailleurs, la grand part de nous tous, nous sommes ici parce que quelqu’un qui nous aimait, mais qui nous aimait vraiment, a voulu partager avec nous ce cadeau de la Pâque, en nous invitant à faire la même expérience ! Peut-être, un certain temps durant, ce cadeau on l’a refusé ! Et, après, il est arrivé le moment qu’on s’est retrouvé « vides et vagues », comme la terre avant que Dieu n’entame son œuvre créatrice ! Et, là, on a répondu ! Et, là, on a été prêts pour que la Parole féconde notre cœur, qui avait été préparé par Dieu à accueillir son amour !

La même chose s’est produite avec Abram, qui, peut-être, au moment de son appel de la part de Dieu, encore ne comprenait pas qu’il était esclave de l’idolâtrie, même s’il provenait d’une famille de fabriquant d’idoles, mais, lui aussi, il s’est retrouvé « vide et vague », sans pouvoir donner un sens à sa vie, vie qu’il considérait déjà finie, même s’il avait beaucoup d’argent, parce qu’il n’avait ni d’enfants ni une terre où être enseveli ! Il était coupé de son ascendance et de sa descendance. Une vie sans sens, pensait-il, qu’aucune des idoles qu’il adorait était arrivé à transformer…

Et, là, arrive la promesse… la promesse que sa vie peut changer… mais, pour que cela arrive, il est nécessaire un départ… difficile, comme tous les départ, quand ils ne sont pas des fuites… et un abandon… Un abandon de quoi ? Abram était un grand homme… Mais, comme tous les grands hommes, il avait beaucoup, peut-être trop d’emprise sur les autres, sur sa famille, sur son clan… : il s’appelait « Abram », c’est-à-dire « père haut » : Dieu lui change le nom en Abraham, qui veut dire « père de multitudes », en le faisant descendre de son piédestal… et il le fait descendre en permettant qu’il pèche plusieurs fois : avant, en disant que sa femme était sa sœur, pour se sauver la vie ; après, en la trompant avec la jeune esclave. Et, comme ça, il découvre sa faiblesse… et, alors, Dieu soigne l’emprise qu’il avait sur sa femme, témoigné par son nom, Saraï, qui veut dire « ma princesse ». Dieu lui change le nom en Sarah, c’est-à-dire  « princesse » tout court (comme pour dire au patriarche : te croyais-tu le propriétaire de ta femme ? Tout cela fait, peu à peu, avec douceur, descendre Abram en le faisant devenir Abraham, et donc prêt à recevoir un fils…

Mais, là, la tentation de l’emprise sur les autres ressurgit… et elle se manifeste sur son enfant, l’enfant de la promesse… Abraham ne peut pas s’empêcher de mettre son fils Isaac à la place de Dieu… il en fait une idole… toute sa vie prend une tournure jusqu’à là imprévue, et commence à tourner exclusivement autour d’Isaac, dit la tradition juive.  Il commence à l’étouffer, à l’accabler, parce qu’il veut le faire devenir un Abraham n°2. Le pauvre Abraham aurait donc quitté sa famille idolâtre pour se fabriquer une idole beaucoup plus puissant que les idoles précédentes ? Oui… et non ! Parce que, là, Dieu intervient, et demande à Abraham de sacrifier Isaac, mais, à la fin de l’épisode que nous venons d’entendre, on comprend que Dieu ne voulait pas, en réalité, qu’Abraham sacrifie Isaac, mais qu’il sacrifie, qu’il coupe le lien par lequel il ligotait Isaac, pour qu’il soit libre, un Isaac à part entière, et pas un Abraham n°2.

Mais cette deuxième lecture ne parle pas que des idoles qu’on fait de ses propres enfants, mais de toutes nos idoles, de toutes les valeurs, même bonnes, et de toutes les réalités qu’on met à la place de Dieu. Et qui nous rendent la vie un enfer, comme la vie d’Abraham était devenu un enfer, non seulement celle d’Isaac. Mais ce n’est qu’à ce moment-là qu’on peut crier, comme le peuple d’Israël a crié vers Dieu seulement après 460 ans d’esclavage. Dieu arrive ! Voulons-nous rester dans nos maisons, où on a établi un pacte avec l’idolâtrie et le péché ? Un pacte d’esclavage ?

Le problème c’est que beaucoup d’entre nous, après tellement d’année de chemins, savent une chose qui les empêche de sortir : que, après, ils vont regretter les oignons d’Egypte, qu’ils vont trouver le désert, avec son manque de nourriture, d’eau et abondance de peuples ennemis, beaucoup moins agréable que le riche Egypte, où la marmite de chair bouillait en permanence, où l’eau était abondante, et où on ne risquait pas de se faire tuer par les Amalécites, si on se comportait bien ! Oui, si on se comportait bien, c’est-à-dire si on faisait toutes les briques que le Pharaon voulait qu’on fasse, c’est-à-dire tous les péchés que le Malin veut qu’on fasse… c’est-à-dire, si on se laisse mener à bout de nez par lui, un jour avec une rancune profonde, un autre jour avec une haine encore plus profonde, un autre jour avec un peu de pornographie, et le jour après avec une colère incontrôlable, et, après, toujours plus, toujours plus en bas avec la colère, Toujours plus en bas avec la pornographie, avec la sexualité, avec la haine, parce que le Pharaon veut toujours plus de briques, surtout s’il a entendu qu’il y a un Moïse qui veut nous faire sortir ! Et donc toujours plus de colère, toujours plus de rancune, toujours plus de haine, toujours plus en bas, jusqu’à devenir fou ! Est-ce que c’est ça que nous voulons pour notre vie ?

2e HOMELIE DE LA VEILLEE DE PAQUES 2023  (après l’évangile)

Dieu ne se lasse pas de venir à notre rencontre, dit Isaïe dans la 4e lecture. Plus on est délaissés, inconsolés, plus il vient nous rencontrer ! Et son Alliance est éternelle, dit toujours Isaïe dans la 5e lecture (on le redira à l’autel, dans la liturgie eucharistique) ! C’est-à-dire, nous ne pouvons pas rompre cette Alliance, c’est-à-dire, nous ne pouvons pas arrêter son amour, même pas par notre péché !

Une des choses qui nous empêchent, souvent, d’aller vers Dieu, d’aller se confesser, de venir à la communauté, parfois, c’est que nous pensons à Dieu comme à un homme : ah, là, j’ai exagéré ! Là, il ne va pas me pardonner ! Il se fatigue ! Non ! Non seulement il nous dit : mon Alliance avec toi est éternelle, personne ne peut la briser, mais il nous dit : vos pensées ne sont pas vos pensées, mes voies ne sont pas vos voies ! Je n’ai pas les mêmes pensées que vous. Vous, vous vengez. Moi, je vais vous accueillir chaque fois que vous viendrez vers moi !

Mais le prophète Baruch nous dit quel est notre vrai problème, le motif qui a causé notre exile : c’est qu’on a abandonné la Torah, la Loi ! Vous direz, alors : bien sûr, c’est parce qu’on n’a pas respecté les Dix commandements, qui sont le résumé de la Loi ! Non, il ne s’agit seulement de ça ! Accablés par le fait que les dix commandements dénoncent notre péché, on les a délaissés, on n’a plus voulu les regarder, se confronter à eux! Nous aujourd’hui, comme les Juifs à l’époque ! Mais un jour on nous a annoncé que Jésus-Christ nous a apporté le pardon des péchés ! Et, si nous croyons à son pardon, aujourd’hui nous pouvons à nouveau nous confronter aux Dix commandements, et voir où nous nous trompons ! Sans peur ! Et, par conséquent, connaitre encore plus son amour ! Les dix commandements, sont, d’une certaine manière, le manuel de l’utilisateur du pardon des péchés. Parce que, si on ne l’a pas, on sait pas quoi faire du pardon du Christ ! Et, beaucoup, on est comme ça, souvent ! Mais, la Loi, sans le pardon de Jésus, nous accablerait seulement.

La 7e lecture, d’Ezéchiel, résume tout ça en disant : j’ôterai de vous le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair ! Il écrit à la suite de Jérémie, qui avait dit : « Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur » (Jr 31,33). C’est-à-dire : pour vous, la Loi ne sera plus une contrainte extérieure à respecter pour une récompense, ou, encore pire, parce qu’on a peur d’être puni, si on ne la respecte pas ! Non, la Loi sera quelque chose d’intérieur à vous ! C’est-à-dire : on l’accomplira spontanément ! Comment sera-t-il possible ? Bien, c’est ce qu’on nous a déjà dit, un jour : il y aura un moment dans lequel vous accomplirez la Loi sans effort ! Comment ?  Eh bien, Saint Paul, dans l’épitre aux Romains, dit que, tous, nous avons été baptisés dans la mort du Christ : qu’est-ce que ça veut dire ? Que, dans son baptême, Jésus, en descendant dans le point le plus profond de la terre, a montré qu’il pouvait aller au plus profond du cœur de nous,  les hommes, qui sommes faits de terre. Et, ainsi faisant, a aussi prophétisé sa mort sur la croix, là où est allé au plus profond du cœur de ses bourreaux en pardonnant tous leurs péchés. Il a pardonné l’impardonnable, et, donc, tous nos péchés y sont compris.

Et c’est pour cela que, dans le point le plus bas du font baptismal qui est au milieu de l’église, se trouve une dalle noire, qui représente notre cœur, avec tous nos péchés ! Mais, au milieu de cette dalle, nous voyons une croix dorée, qui représente Jésus Christ ressuscité, ressuscité parce qu’il a eu un amour plus fort de la mort et de la haine que ses bourreaux lui ont donnée, et donc la mort n’a pas pu le tenir en son pouvoir, parce que son amour a été plus fort qu’elle ! C’est pour cela que la résurrection du Christ est la démonstration que tous nos péchés sont pardonnés !

Et nous pouvons ressusciter avec Lui, dit Saint Paul ! Si nous cessons d’être asservis au péché ! Si nous avons été ensevelis dans sa mort, si nous avons accepté le pardon des péchés, alors nous serons sûrs de son amour ! Et cet Amour nous comblera ! Alors, on n’aura plus peur du manque d’amour que les autres nous donneront – donc de la mort qu’ils nous donnent – et le Malin ne pourra plus nous tenir en esclavage en nous disant : l’autre est en train de te tuer à l’intérieur, il faut que tu réagisse, que tu ne te laisses pas faire ! Parce qu’on ne prétendra plus que l’autre nous aime ! Ou, qu’il ne nous soit pas hostile (ce qui revient au même)! Alors, on sera ressuscités nous aussi ! On ne sera plus obligés de réagir au mal par le mal ! Alors, la Parole des Béatitudes se réalisera en nous sans effort, comme il nous a été promis !

On n’y est pas encore, mais le Seigneur nous a donné, à nous tous, des arrhes de la résurrection, dans les moments – et nous les avons eu, on en est témoins – dans lesquels cette Parole s’est réalisée en nous, dans les moments où nous avons pu aimer l’autre quand il était ennemi, lui donner raison quand il avait tort, parce que nous sentions qu’il y avait quelqu’un d’autre qui nous aimait. Et c’est ça que veut dire l’ange aux femmes au tombeau : c’est en Galilée que vous trouverez le Christ ! La Galilée, c’était la région des païens, des pécheurs : donc, c’est chez les pécheurs comme nous, que nous verrons le Christ ressuscité, c’est dans le péché de l’autre, que nous le trouverons ! C’est le péché des autres, qui m’amène à chercher Jésus ressuscité, mais, en même temps, quand je suis sûr de cette amour du Christ, alors je peux aimer celui qui ne m’aime pas ! Je n’exigerai plus son amour, je pourrai lui faire don du mien. Mais ce n’est pas le mien : c’est l’amour du Christ qui est en moi !

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Dernière mise à jour : 10 avril  2023

Première publication : 10 avril 2023

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Homélie du Vendredi Saint 2023

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HOMELIE DU VENDREDI SAINT 2023

PAROISSE NOTRE DAME DE BONNE NOUVELLE – DIOCESE DE PARIS

La croix du Christ, mes frères,  est la réalité la plus belle et plus douce qu’on puisse imaginer, pour nous : c’est là qu’il nous a donné le pardon ! Quand j’étais séminariste, un prêtre me disait : c’est déjà la passion du Christ qui nous sauve. Et, en effet, la III prière eucharistique le dit : « par sa passion qui nous sauve ». Parce que, là, il a accepté de mourir sans réagir au mal !

La résurrection est la démonstration que tous nos péchés sont pardonnés, mais c’est sa passion qui nous sauve, parce que, là, il nous donne le pardon.

Mais notre croix, mes frères, notre croix est une réalité que tous les hommes, spontanément, on refuse, à cause du péché originel. Il n’y a rien de poétique dans la croix. Dès que la croix arrive, il y a quelqu’un qui, tout de suite, nous dit : Dieu ne t’aime pas, s’il te fait souffrir de cette manière !

Après, on passe à une deuxième phase : je vais accepter la croix par mes forces. Et, on se donne l’illusion d’accepter la croix, d’aimer son ennemi, à la maison ou au dehors, mais, en effet, tout ce qu’on arrive à faire, c’est de faire des efforts pour cacher sa colère, mais la rancune commence à couver, contre les hommes et contre Dieu, et notre vie devient impossible.

Alors, on se dit : on m’a trompé ! On m’avait dit qu’accepter la croix, c’est le bonheur, mais moi, je n’y arrive pas ! Et on s’en va !

Comment s’en sortir, alors ?

Laissons, frères, que la croix, notre croix, nous montre notre faiblesse, comme elle a montré la faiblesse de Pierre. Notre faiblesse, c’est-à-dire notre péché, en ce cas. Oui, parce que le péché est notre manière de fuir de la croix. Même : il est LA MANIERE de fuir la croix !

Notre croix, je disais, nous montre notre faiblesse, comme elle a montré la faiblesse de Pierre. Une première fois, lorsque, après la première annonce de la Passion, il voulait empêcher Jésus d’aller vers la croix. Quel désastre aurait-il fait si Jésus l’avait écouté ! Il nous aurait privé du pardon ! Et quel combat, la volonté humaine de Jésus a dû soutenir, combien a-t-il dû combattre son affectivité, pour aller vers la croix, qui était la porte de la vie éternelle pour l’homme Christ Jésus !

Et, nous, comment ne pas se reconnaitre en cet homme qui veut éviter la croix à son ami Jésus ? C’est une de nos tentations les plus grandes, d’éviter la croix à nos enfants ! On a souffert, on a cru, à tort, que notre souffrance nous avait rendus malheureux (alors que c’est le péché par lequel on fuit la souffrance, qui nous rend malheureux, en vérité), et on fait de tout pour l’éviter à nos enfants. Attention, nous avons une grosse responsabilité vis-à-vis d’eux.

Je ne parle pas de leur faire des moralismes (comme dire : si tu n’es pas bon, Dieu te punira [ce qui est une manière de se défendre]), ni de leur donner tout le temps des lois qui les accablent, mais de les aider à entrer debout dans la vie.

Mais la deuxième fois où la croix a montré la faiblesse de Pierre, cela a eu lieu dans la cour du Grand-Prêtre, quand Pierre a voulu suivre Jésus – en pensant de faire le héros, probablement – et, dès qu’il commence à être démasqué,  il découvre qu’il n’aime pas vraiment Jésus, au contraire : il découvre que, pour se sauver la vie, il peut le laisser aller vers la mort.

Heureusement ! Finalement Pierre a découvert qui était en réalité ! Et il a pu se rendre compte que Jésus n’a jamais exigé de lui qu’il soit différent. Comme il le lui a manifesté après la résurrection.

Il a découvert son vieil homme ! Mais, alors, si notre homme doit mourir, l’homme pécheur, comment se fait-il que Jésus nous aime tels que nous sommes, qu’il nous accepte pécheurs ?

Eh bien, c’est exactement cela qui peut nous délivrer du vieil homme : l’histoire de Pierre nous éclaire. On l’a vu, Pierre a découvert son vieil homme dans la court du Grand-Prêtre, lorsqu’il a renié Jésus trois fois. Ce péché, après, l’a accablé ! Et il a vécu comme ça jusqu’au moment où il a vu Jésus-Christ ressuscité. Là, il a probablement oublié ce qui s’était passé… comme nous faisons aussi, en refoulant les choses qui nous font honte, en premier lieu nos péchés. Mais, à la troisième rencontre de Jésus ressuscité avec ses disciples, le Christ lui demande, une première fois, s’il l’aime plus que les autres disciples… après, la deuxième fois, si, au moins, il l’aime… et, la troisième fois, s’il a, au moins, de l’affection pour lui. Et, les trois fois, le pauvre Pierre ne peut répondre rien d’autre que ça: j’ai de l’affection pour toi. Que de l’affection. Ce dialogue de Jésus avec lui, un véritable scrutin baptismal, l’a obligé à se souvenir du fait qu’il avait dit que, même si tout le monde aurait abandonné le Christ, lui, il ne l’aurait pas abandonné, et l’a obligé aussi à revenir à ses trois reniements et à comprendre qu’il ne l’aimait pas vraiment, mais que, en effet, il n’avait que de l’affection pour lui. Mais, au grand étonnement de Pierre et de nous tous, à chaque fois que Pierre admet son manque d’amour vis-à-vis de Lui, Jésus lui demande de s’occuper de son troupeau.

Et, à la fin, il lui prédit sa mort sur la croix. Il est donc devenu un homme nouveau capable d’accepter la croix, d’affronter le martyre.  Qu’est-ce qui a changé la nature de Pierre, en la transformant de nature purement humaine en nature divine, tout en restant humaine ? La conscience d’être aimé par le Christ tel qu’il était, d’être pardonné.

Parce que le péché on ne peut le voir que si on se sait pardonné : il a vu son vieil homme, et il a pu recevoir l’amour du Christ. Il a cru à l’amour du Christ, et il a pu voir encore plus son vieil homme. Ce vieil homme a disparu, cet homme qui avait continuellement besoin d’exiger, de prétendre l’amour des autres.

Et pourquoi est-il mort le vieil homme de Pierre ? Exactement parce que Pierre,  maintenant qu’il avait l’amour du Christ, n’avait plus besoin de prétendre l’amour des autres, ce qui était la cause de toutes nos idolâtries et de tous nos péchés. Il n’avait même pas besoin que les autres ne lui soient hostiles, ennemis, parce qu’il était sûr de l’amour de Jésus.

Mais, comment, avant Jésus ne donnait pas tout son amour à Pierre ? Oui, bien sûr qu’il le lui donnait. Mais c’était Pierre qui n’était pas capable de le recevoir. Comment ? Pierre n’avait pas été capable de recevoir l’amour du Christ, pendant son ministère publique ? Oui, il était capable de recevoir son affection, son amitié, même sa bienveillance, mais il n’était pas encore capable de recevoir son pardon, parce que, encore, il ne connaissait pas son cœur, il ne connaissait pas son péché. Ni le mal qu’il aurait été capable de faire. La croix du Christ le lui a révélé.

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Dernière mise à jour : 10 avril  2023

Première publication : 10 avril 2023

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Homélie du Jeudi Saint 2023

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HOMELIE DU JEUDI SAINT 2023

PAROISSE NOTRE DAME DE BONNE NOUVELLE – DIOCESE DE PARIS

Souvent, en parlant du jeudi saint et de l’évangile d’aujourd’hui, on fait référence au service. Et donc au service que nous sommes appelés à accomplir : comme le Christ a servi, nous aussi sommes appelés à servir. Mais le service que fait le Christ, le lavement des pieds, impliquait sa mort sur la croix. Beaucoup de signes du texte évangélique l’attestent : la mention de l’heure, le fait qu’il s’abaisse pour laver les pieds, qu’il se dépouille de ses vêtements… tous signes de la mort qu’il va vivre… De même à nous, ce n’est pas une partie de notre temps, de nos énergies qui nous est demandée, il nous est demandé de passer par la croix, de passer par la mort. Dans n’importe quel service d’Eglise. C’est pourquoi : demandons-nous si nous passons par la croix dans nos services, c’est-à-dire par notre mort…

Il y a un signe qui montre si nous sommes passés par la mort lorsque nous rendons un service, et ce signe, c’est la douceur… Mais, comment avoir la douceur… ? La douceur, on ne peut pas l’exiger (normalement, la douceur l’exige des autres celui qui ne l’a pas), parce que la douceur est une béatitude (heureux les doux), et, comme toutes les béatitudes, elle est une conséquence de la première béatitude, c’est-à-dire de la pauvreté d’esprit. Et donc de la connaissance de son péché, parce que le pauvre d’esprit est celui qui a connu son péché grâce à la douceur du Christ, qui ne l’accuse pas.

C’est donc la douceur qui engendre la douceur. Et Jésus, ici, il est d’une grande douceur, avec tous ses apôtres. Il ne fait pas un service quelconque, mais il donne sa vie pour eux. En effet, cet épisode est lié à un autre passage, la guérison de l’aveugle-né, dans lequel, comme ici, on répète plusieurs fois le mot « laver » (mot utilisé, dans l’évangile de Jean, que pour ces deux épisodes) : ici, Jésus lave les pieds des disciples, réunis en Assemblée, en Eglise… là, l’aveugle s’était lavé les yeux dans la piscine de Siloé, c’est-à-dire au-dessous du Temple, fréquenté par l’Assemblée d’Israël, mais aussi par Jésus et ses disciples. Donc, symboliquement, il a lavé ses yeux dans la première Assemblée chrétienne, dans la première Eglise. Et, grâce à ça, il commence à voir clair en sa vie, et il voit ses péchés. Ces péchés que Jésus venait de lui montrer, de manière allégorique, avec la boue qu’il avait déposée sur ses yeux. Parce que la boue était faite par le mélange de la salive de Jésus (qui représente la Parole de Dieu) et de la terre (qui représente la réalité dont l’homme est fait, et donc aussi ses péchés) : la Parole de Dieu, qui véhicule en nous en même temps la Vérité et l’Amour, nous permet de voir nos péchés, quand elle est écoutée en Eglise, avec des frères concrets.

Ça, c’était passé six mois avant. Mais, maintenant, un pas de plus est franchi. Là, c’est le Christ lui-même qui lave les pieds sales des apôtres, en montrant, par les signes dont je parlais auparavant, qu’il aurait donné sa vie pour eux. Et qu’il l’aurait donné avec un seul but : le pardon des péchés ! Donc, non seulement la connaissance de son péché, comme dans le cas de l’aveugle-né, mais le pardon. Mais, il y a un obstacle : l’accepter, ce pardon ! Et pour l’accepter il faut croire d’en avoir besoin. Mais, spontanément, nous pensons que c’est notre ennemi qui en aurait besoin, et pas nous.

On comprend donc que, si on n’accepte pas le pardon, cette Parole de Jésus : « Si donc j’ai lavé vos pieds, moi le Seigneur et le Maitre, vous aussi, devez vous laver les pieds les uns les autres… », n’a pas de sens. J’ai cité la traduction habituelle:« vous devez ». Mais « vous devez » signifie « vous avez une dette ». Et la dette, c’est le pardon des péchés. Si nous l’avons reçu et surtout accepté, alors on pourra le redonner aux autres, et c’est ça la douceur. Etre doux, ça implique de mourir, parfois d’aller contre sa propre raison, et on peut le faire seulement si on a accepté le pardon des péchés.

C’est une lutte jusqu’au sang, frères, dans laquelle on peut réagir comme Pierre, qui ne veut pas que Jésus lui lave les pieds, parce que, encore, à ce moment de l’histoire, pense de ne pas en avoir besoin, il pense d’être bon, d’être juste, il pense d’aimer Jésus jusqu’au bout. On peut réagir comme Judas, qui poursuit ses projet de justice, sans savoir que c’est lui l’injuste. Et, à la fin, il s’en va : c’est le risque, aussi, que nous courons, tous. Quand Jésus l’a mis dos au mur, en l’illuminant avec cette petite phrase : « ce que tu fais, fais-le vite » (Jn 13,27), il avait deux choix : voir qu’il s’était trompé, et demander pardon. Et, l’autre, poursuivre une cohérence qui n’en est pas une. Aller jusqu’au bout, ne pas revenir en arrière. Ce qui correspond à ne pas croire au pardon de Jésus. Et il s’en va…

S’il vous plait, ne faites pas une idole de la cohérence ! Je ne dis pas de ne pas être cohérent ! C’est qu’on ne l’est jamais complètement ! Lui, le Christ, il est l’unique à avoir été complètement cohérent ! Nous, les chrétiens, nous sommes ceux qui peuvent plus facilement tomber en ce piège, parce que tous nous pointent du doigt. Nous, nous pouvons avoir des moments de cohérence, et des moments d’incohérence, et nos moments d’incohérence s’appellent péchés. Ne partons pas d’ici à cause du fait que nous ne sommes pas cohérents : parce que c’est ici, que nous serons soignés !

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Dernière mise à jour : 10 avril  2023

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